Le régime Dutreil en matière de transmission d’entreprises (entreprise individuelle et sociétés), est un dispositif fiscal majeur. Ainsi, un couple marié de 60 ans ayant trois enfants a la possibilité de transmettre à ces derniers la nue-propriété d’une entreprise d’une valeur de près de 5 M€ en franchise de droits de donation.
Ce dispositif a résisté aux différents changements politiques intervenus depuis plus de quinze ans. Le législateur a régulièrement aménagé le dispositif en le rendant de plus en plus attractif.
La loi de finances pour 2019 a procédé à une réforme en profondeur du Dutreil-transmission. Les conditions d’accès au régime et sa gestion ont été assouplies rendant ce dernier encore plus attractif.
Retour sur l’économie générale du dispositif
Les engagements Dutreil permettent de réduire de 75% la base imposable au titre des droits de mutation à titre gratuite en cas de donation ou de succession. Une réduction de base imposable des trois quarts est plus efficace qu’une réduction de droits de la même proportion lorsque l’impôt est progressif.
L’application de ce régime de faveur est subordonnée au respect de trois conditions :
- un engagement collectif de conservation portant sur un quote-part de capital ;
- un engagement individuel de conservation ;
- l’exercice d’une fonction de direction.
L’engagement collectif est d’une durée d’au moins deux ans et doit être en cours au jour de la transmission. L’engagement individuel est d’une durée d’au moins quatre ans commençant à courir à compter de la fin de l’engagement collectif. La fonction de direction doit être exercée pendant toute la durée de l’engagement collectif et pendant trois ans à compter de la mutation à titre gratuit.
Aménagements apportés par la loi de finances pour 2019
Tout d’abord, l’accès au régime est simplifié par trois mesures :
- l’engagement collectif peut désormais être signé par une seule personne ;
- les seuils d’éligibilité ont été réduits ;
- l’engagement réputé acquis pourra être appliqué en présence de sociétés interposées.
Le dispositif devient également plus souple dans sa gestion :
- les opérations d’apport à une holding après signature d’un engagement seront, sous réserve du respect de plusieurs conditions, plus accessibles ;
- les cessions de titres à un autre signataire du pacte entraîneront une remise en cause de l’avantage fiscal à proportion des titres transmis (antérieurement, la remise en cause était totale) ;
- la production systématique d’une attestation annuelle n’est plus exigée.
Si l’intérêt de ce régime n’est plus à démonter, il convient toutefois de souligner sa technicité. La mise en place nécessite donc une parfaite maîtrise technique du dispositif.
Par ailleurs, la mise en place du pacte Dutreil doit le plus souvent s’insérer dans une stratégie globale qui conduit à revisiter le régime matrimonial des clients, les statuts de la ou des sociétés et à prévoir des pactes d’associés visant des sujets plus larges que ceux visés par le régime de faveur.
La mise en place de solutions stéréotypées n’est donc pas souhaitable.
Les chefs d’entreprise devraient systématiquement analyser l’intérêt de la mise en place d’un engagement de conservation. Ce dernier pouvant d’ailleurs être retenu à titre conservatoire en l’absence d’un projet immédiat de transmission.
Pour les chefs d’entreprise disposant d’un engagement en cours, il peut être utile de vérifier si leur situation peut être adaptée et améliorée grâce aux nouveautés législatives.
Dans tous les cas, consultez votre conseiller AVENIR & SERENITE PATRIMOINE.